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journal de la commune

Voici ce que le gouvernement de Versailles suppose la France capable de croire :

L’invasion, Strasbourg rendue, Metz livrée, deux armées prisonnières en Allemagne, la honte de Sedan, la capitulation de Paris, la honte d’une paix impossible, l’arrachement de l’Alsace et de la Lorraine nous avaient mis dans une situation excellente. Une Assemblée vraiment nationale réunissait « l’élite de tous les partis » (si c’est là l’élite des royalistes, que peut être leur tourbe ?), et les « montrait disposés à vivre les uns à côté des autres dans un esprit de transaction et de concessions réciproques. » (Exemples : la majorité insultant Garibaldi et expulsant Victor Hugo).

À cette Assemblée si tolérante, si intelligente, si sage, comment Paris a-t-il répondu ? Comme un enfant. Il avait des joujoux. Les canons de Montmartre ; on l’a laissé un moment « jouer au soldat », mais l’heure du travail a sonné, et le père — le gouvernement — a voulu mettre fin à cet enfantillage. Alors l’enfant — Paris — s’est fâché et a mis en ligne ses soldats de plomb — les gardes nationaux. On conçoit que le gouvernement ait tenu bon. C’est pourquoi il s’est enfui à Versailles.

Tout le monde l’approuvera de « cette tactique que l’événement a justifiée », car il habite maintenant le palais sur lequel on lit : « À toutes les gloires de la France », et il est évident que toutes les gloires de la France c’est lui.

L’Assemblée et le gouvernement ayant toutes les vertus, la Commune a tous les vices.

Le mouvement du 18 mars « n’est pas une émeute parisienne, c’est une révolution cosmopolite ». Ce sont des échappés de tous les pays qui se sont rués sur la France comme sur une proie ; il y en a parmi les membres de la Commune : « quelques-uns sont des étrangers non naturalisés ». Il y avait en effet dans la Commune un étranger, le citoyen Frantzel.

Mais les membres de la Commune n’ont pas besoin d’être des étrangers pour être des intrus ; tous sont le produit d’élections faites sans droit, sans listes ( ?), sans surveillance ( ?), et qui n’ont amené au scrutin qu’une portion infime de la population électorale » (deux cent quarante-huit mille trois cent quatre vingt-huit électeurs).