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journal de la commune

Henri Brisson, Edmond Adam, Tirard, Farcy, Peyrat, Edgar Quinet, Langlois, Dorian, elle nous attriste, et même nous irrite et nous offense. Ceux que nous aimions tant nous condamnent avec sévérité, nos propres représentants nous chapitrent et nous font la leçon de la belle manière :

« Ceux qui ont été entraînés dans l’insurrection auraient dû frémir à la seule pensée d’aggraver le fléau de l’occupation étrangère par le fléau des discordes civiles… S’il est légitime de demander pour Paris comme pour les autres villes de France la liberté pleine et entière des libertés communales, il ne l’est pas de la demander à une révolte contre le suffrage universel… Si l’excès de la centralisation est un mal, l’autonomie de la Commune poussée jusqu’à la destruction de l’unité nationale, œuvre de plusieurs siècles, est un mal bien plus grand encore. Travailler à la dislocation de la France, c’est répudier les traditions de la Révolution française… »

Voilà comme nos représentants prennent notre défense. Pas une ligne de blâme, le moindre reproche, à ceux qui bombardent votre ville ? Ceux qui ont provoqué vos deux cent mille électeurs pour les massacrer, ceux qui les voudraient affamer et réduire en esclavage ont raison. — C’est un réquisitoire, un acte d’accusation. Que dirait de plus M. Thiers contre Paris et la Commune ? Et si Paris n’est qu’un révolté contre le suffrage universel, si la Commune ne fait autre chose que disloquer la France et répudier la Révolution, d’un autre côté, les neuf représentants nous affirment que l’Assemblée de Versailles n’est pas ce que nous pensons :

« Il serait inexact d’imputer cet esprit monarchiste à l’Assemblée tout entière ou même à la majorité… Pas un membre de la majorité n’a encore mis ouvertement en question le principe républicain… »

Représentants de la Seine, qu’affirmez-vous là ! Jusqu’à aujourd’hui, nous vous écoutions avec respect et recueillement, chacune de vos paroles était pour nous parole de vérité. Peyrat, Langlois, et Brisson, vous nous dites donc que la majorité de l’Assemblée ne se compose pas de légitimistes, d’orléanistes et de cléricaux ? Vous, Edgar Quinet, vous vous portez caution pour la sincérité de M. Thiers ? Et vous, citoyen Louis Blanc, vous garantissez maître Favre ?