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empereurs stoïciens

représentant d’une grande idée, celle de l’union confiante et pacifique. Ne vit-on pas alors des rois barbares, éblouis par le rayonnement de l’empire, demander qu’on les accueillît en clients enthousiastes et dévoués ? Une légende, qui s’appuie sur un document obscur des annales
Musée de Naples.Cl. Progi.
sénèque, le philosophe de cordoue
chinoises, parle même de l’accueil empressé qu’aurait fait l’empereur de Chine à des marchands occidentaux, venus au nom d’Antoun ou Antonin. Le premier contact se serait alors produit entre l’Occident et l’Extrême Orient, annonçant ainsi, comme par une sorte de prophétie, un futur cycle mondial d’une ampleur plus grande encore que celle de ce premier empire que l’on croyait universel.

Il est donc naturel que l’on se repose dans l’étude de l’histoire humaine à cette période si remarquable où, pour la première et l’unique fois dans les annales de l’Humanité, tous les peuples participant à la civilisation commune ont constitué un certain ensemble politique, reconnaissant les mêmes lois, regardant vers un même foyer de vie. Toutes les forces du monde connu s’étaient concentrées sur les « Sept Collines », au pied des montagnes du Latium. Un prodigieux groupement d’énergies avait réalisé, du moins en apparence, la grande