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de neron à titus

Pourtant, Vespasien et son fils Titus avaient remporté un grand triomphe, non en dehors des frontières, mais dans une partie de l’empire qui, depuis longtemps, avait été soumise. Les Juifs, qui, mille ans auparavant, déifiaient les forces de la nature, comme tous les peuples des alentours,
Musée du Louvre.Cl. Giraudon.
néron claude drusus, empereur
et, comme eux aussi, adoraient spécialement une divinité nationale, personnification de leur race, avaient fini par donner à leur religion un caractère absolument exclusif : les malheurs successifs dont ils furent frappés, défaites, bannissements en masse, exodes et oppressions, les avaient, pour ainsi dire, déracinés du sol ; ils s’étaient désintéressés des choses de la terre qui leur échappaient et, groupés autour de leurs prêtres, ils s’exaltaient de plus en plus dans leurs espérances de l’au delà, dans leur confiance aux promesses de Yahveh, le Seul Dieu, le Vivant qui tient en sa main droite les choses éternelles. Comme d’autres, ils eussent pu s’accommoder de l’immense paix romaine et cheminer de leur mieux sur le pénible sentier de la vie, mais, élevés par la foi au-dessus de l’existence banale, extasiés dans leur idée fixe, ils croyaient plus au miracle qu’à la réalité. Plutôt mourir que de partager leur adoration entre le vrai