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romains et barbares.

citoyens, la perte de leur initiative, le transfert de leurs prérogatives à une armée permanente devaient les priver un jour de la possibilité même de se défendre ; ils se trouvaient liés d’avance à la triomphante irruption de peuples nouveaux. De génération en génération, l’intelligence s’obscurcissait, le goût s’altérait, la mentalité se faisait épaisse, les barbares de l’extérieur n’avançaient d’un pas, que la barbarie n’eût déjà fait deux pas à leur rencontre.

Cl. Alinari.

rome — temple de vesta

Mais, à cette époque, bien peu nombreux devaient être les prophètes de malheur. L’empire était si vaste, les frontières en étaient si éloignées qu’elles semblaient se confondre avec les bornes du monde ! Rome avait triomphalement résisté à tant de dangers, et tant de prodiges avaient annoncé sa gloire qu’on se laissait aller à la croire éternelle. Aussi n’est-il pas étonnant que presque tous les peuples policés du monde moderne aient fini par prendre dans le règne d’Auguste la date initiale de leur chronologie vulgaire. Il est vrai que cette ère, dite chrétienne, fut plus tard censée coïncider avec la date, soit de