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soldats-citoyens ; soldats ou citoyens

présentait, on le précipitait du haut du couloir, désigné du nom de pons, pontis, d’où l’expression de depontani qualifiant les individus qui ne comptaient plus au nombre des citoyens actifs. Evidemment ce simulacre de meurtre par noyade rappelait le temps où le peuple migrateur se
Bibliothèque Nationale.Cl. Giraudon.
casque en forme de bonnet phrygien
trouvé à herculanum
débarrassait réellement des invalides qui le gênaient dans sa marche[1].

Le changement de régime, lors de la transformation de la république en empire, entraîna la création d’une armée permanente, instrument du souverain, destiné à devenir bientôt l’arbitre du pouvoir. Les légions, d’existence variable autrefois, furent instituées d’une manière définitive comme pour l’éternité. L’esprit de corps intervint : l’honneur des aigles remplaça dans l’esprit du soldat la fierté nationale et le dévouement à la cité ; le culte de l’empereur, dont l’image était représentée sur les drapeaux, prit un caractère religieux, et l’ambition de tous ces gens de glaive, désormais étrangère aux passions du monde civil qui s’agitait en bas, consistait à monter de grade en grade dans la voie du commandement militaire.

Un autre changement, des plus importants par ses conséquences,

  1. R. von Ihering, Les Indo-Européens avant l’Histoire, p. 402.