Page:Reclus - L’Homme et la Terre, tome 2, Librairie Universelle, 1905.djvu/486

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
474
l’homme et la terre. — rome

notamment étaient de grands pirates, brigands et marchands d’esclaves. Alimentés de captifs par les guerres de Syrie, ils se débarrassaient rapidement
Cl. Brogi.
cadavre d’homme trouvé à pompéi
Deux à trois cents corps et squelettes furent trouvés à Pompéi, une dizaine seulement à Herculanum.
de leur marchandise humaine, grâce au voisinage du marché de Delos, qui pouvait en un jour recevoir et écouler plusieurs myriades d’esclaves, d’où ce proverbe si souvent cité : « Allons, vite, marchand, aborde, décharge, tout est vendu ! ». Rome dévorait incessamment ces proies[1].

Cependant, en ce groupe abject de la servitude, une certaine aristocratie se formait aussi parmi les esclaves, car il en était parmi eux qui devenaient indispensables à leurs maîtres. Tels étaient les Grecs que l’on employait à la garde ou à l’instruction des enfants, à la tenue des livres, à la rédaction des lettres, à la gérance des revenus et des propriétés. On en avait trop besoin pour ne pas se les attacher par d’autres liens que celui de la propriété légale, et la plupart d’entre eux, dès la première ou deuxième génération, entraient dans la classe des affranchis, qui, par sa situation indécise entre patriciens et plébéiens, constituait un nouvel élément de démoralisation. C’est ainsi que, tout en conquérant la Grèce, Rome se trouvait conquise à son tour, et non seulement par l’intermédiaire des hommes libres, philo-

  1. Strabon, Géographie, Livre XIV, § 2.