perdait aux yeux de la horde son caractère de férocité, se transformait en cérémonie religieuse. L’homme aime à se duper ainsi par la divinisation de ses intérêts et de ses actes. Lorsque les vieillards étaient devenus incapables de rendre des services matériels, du moins, se disait-on, pouvaient-ils mourir au profit du bien général, et c’est en effet de cette manière qu’on les utilisait, dans toutes les occasions où il y avait danger pour l’ensemble de la communauté, notamment à la traversée des rivières.
Cl. Alinari.
D’après une opinion très répandue chez les peuples primitifs, l’établissement d’un pont constitue un véritable attentat contre le dieu du fleuve : on lui impose un joug dont il
cherche à se venger pendant les crues ; on doit essayer de conjurer sa colère par des prières, des offrandes et même des sacrifices de vies humaines. Quand la tribu passait à gué un cours d’eau dangereux, tout accident était dû, pensait-on, au ressentiment du dieu des eaux, mais ce courroux était suffisamment apaisé par le malheur de la victime. Quand la construction d’un pont devenait nécessaire, la chose était