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l’homme et la terre. — rome

L’histoire du peuple d’Etrurie est d’une singulière obscurité, et l’on s’en étonne d’autant plus que l’antique civilisation des Etrusques se mêle pendant quelques siècles à celle des Romains qui se montrent à nous, sinon en pleine lumière, du moins dans l’éclat faux ou vrai de légendes vulgaires considérées comme de l’histoire. On peut se demander si les conditions sociales de ces populations tyrrhéniennes d’autrefois ne seraient pas, sinon mieux connues, du moins embrassées dans une meilleure idée d’ensemble, si elles nous avaient été révélées uniquement par les fouilles des tombeaux, par les découvertes de peintures murales et de poteries : les difficultés proviennent surtout de ce que l’on essaie de raccorder, sans y parvenir, la physionomie des Etruriens, telle que nous la donnent les documents préhistoriques, et leurs traits, tels qu’ils nous sont transmis par les histoires de Rome. Une chose est certaine : les deux termes « Etrusques » et « Toscans » éveillent aussitôt des idées tout à fait différentes, même opposées, et ne s’accordent nullement avec l’évolution normale des caractères pendant le cours des âges, à travers toutes les vicissitudes historiques.

L’Etrurien, montré d’ordinaire par ses contemporains, apparaît
D’après G. Dennis.
panneau décoratif de la salle funéraire
représentée page 431
non comme un Italiote, plutôt comme un frère de l’Egyptien. Cela provient sans doute de ce que l’image de ces nations a été faussée de la même, manière par les prêtres, fossoyeurs naturels des peuples dont ils ordonnent les rites et sur lesquels ils récitent les prières des morts. Les multitudes agissantes sont tout autres dans le tumulte des villes que dans la frayeur des temples.

Les langues italiotes ont été partiellement déchiffrées par les savants, à l’exception de l’étrusque, resté encore très mystérieux ; toutefois, la plupart des linguistes s’accordent à considérer le parler des Rhasena, de même que celui des Osques et des Ombriens, comme un dialecte d’origine aryenne, apparenté au latin. Ce qui ne permettait pas aux