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l’homme et la terre. — rome

Tureha, identifiés avec les Tyrsènes que nous retrouvons plus tard en Etrurie ?

À ces Grecs de l’époque héroïque, à ces vainqueurs et vaincus des guerres de Troie, qui, antérieurement à l’histoire écrite, s’embarquèrent dans les découpures littorales et insulaires de l’Anatolie et de l’Hellade pour chercher aventure sur les côtes de l’Occident ou s’y fixer en une nouvelle patrie, succédèrent d’autres Grecs dont les annales ou du moins les traditions racontent le voyage et dont on connaît la race et le lieu d’origine : tels les Corinthiens fondant Syracuse, les Rhodiens abordant au pied du Vésuve, tels enfin les colons qui firent la gloire de la Grande Grèce.

Au nord de la basse vallée du Tibre, où s’éleva Rome, le tronc de la péninsule Italienne présente des ressemblances très remarquables avec le sud de l’Italie qui fut la Grande Grèce. Des deux côtés se présente le contraste net entre les montagnes qui occupent la région de l’ouest et les plaines de la côte orientale ; mais, dans la moitié méridionale de la Péninsule, l’opposition est plus violente, plus brusque des monts abrupts aux campagnes de la base, et par conséquent les populations restèrent plus différentes les unes des autres, le mariage des intelligences et des mœurs se fit d’une manière plus incomplète. Dans l’Italie toscane et au nord de celle-ci, les Apennins et les autres chaînes de montagnes qui appartiennent au même système orographique occupent une beaucoup plus grande largeur et s’alignent suivant une orientation quelque peu différente ; en outre, l’ensemble des monts offre un aspect plus adouci, les vallées découpent dans le massif un plus grand nombre de passages : la nature est plus humanisée et les influences mutuelles de peuple à peuple ont pu se produire plus librement.

A l’époque où le petit État de Rome arrivait à la conscience de son individualité parmi les groupes politiques de l’Italie, la région des Apennins où le Tibre et l’Arno entremêlent leurs sources était occupée surtout par les Etrusques ou Rhasena : ce sont les hommes que les Egyptiens avaient connus sous le nom de Turcha et que les premiers chants grecs appellent les Tyrsènes. D’après les traditions et les témoignages fournis par les auteurs de l’antiquité et que l’on essaie de juxtaposer en un récit cohérent, ces Etrusques ou Etruriens venaient de l’Asie Mineure et de la Thrace ; ils