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grande grèce

belle civilisation d’Athènes. Cependant chacune de ces villes eut son caractère spécial, déterminé par les conditions directes du milieu. Situées au pied des montagnes qu’habitaient les Bruttii aux beaux corps élégants et souples, Sybaris, Crotone tenaient surtout à honneur de former des soldats et des athlètes ; nulle part la beauté physique n’était plus appréciée. Leurs citoyens ne disputaient point le prix d’éloquence ni de poésie aux habitants des autres cités grecques, mais Crotone fut souvent la première pour les jeux de la force.

C. Brogi.

temple de neptune à pœstum


Dans une même Olympiade les sept vainqueurs du stade furent tous des Crotoniates. Un Philippe de Crotone fut, après sa mort, placé parmi les héros. Un autre athlète, le célèbre Milon, fut au vie siècle avant l’ère vulgaire six fois victorieux à Olympie, sept fois à Delphes, neuf fois aux jeux néméens, dix fois aux jeux isthmiques. Puis ces villes des vaillants et des forts devinrent surtout fameuses par leur volupté, par leur amour des jouissances grossières, par le lâche abandon de toute noble initiative. Les jeux solennels de Crotone et de Sybaris furent là lointaine origine des hideux combats de gla-