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école d’alexandrie

On comprend donc que les hommes de caractère et de goût se soient tenus à l’écart de ce Palais de la Flatterie, et que, fuyant le voisinage des courtisans, nombre de personnes farouches aient préféré, sans égard à l’invitation de Ptolémée, se réfugier dans l’ile de Cos, pour y vivre dans la contemplation de la nature et les délices de l’amitié. Cependant l’appel
Bronze du Musée de NaplesCl. Alinari
ptolémée apion
alexandrin du Ier siècle de l’ère vulgaire
de la grande cité où l’on trouvait tant de ressources intellectuelles y réunissait aussi beaucoup d’hommes désireux d’apprendre et de savoir. Alexandrie devint la grande école qu’avait été Athènes, et le cercle d’attraction d’où lui venaient les élèves était plus que double de celui de sa devancière. Déjà, sous Ptolémée Philadelphe, le Tulumaya des documents hindous, des missionnaires du Buddha, envoyés par le roi propagandiste Açoka, étaient venus de l’Inde lointaine apporter aux Alexandrins de « saintes herbes » et des « paroles de paix et de salut ».

Dans l’histoire, Alexandrie se montre donc à nous comme une des villes d’activité morale où se sont préparées les destinées humaines par l’évolution de la pensée, par le progrès de la science, puis, régressivement, par ses reflux vers le mysticisme religieux. Le christianisme naquit certainement à Alexandrie, plus encore qu’à Jerusalem, Antioche ou Rome ; mais ce refuge de l’homme dans un idéal