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l’homme et la terre. — îles et rivages helléniques

L’exploitation agricole de la féconde vallée du Nil par des millions de sujets dociles, et les bénéfices de l’immense commerce que valait à la résidence des Ptolémées le concours des marchands venus de toutes les parties du monde expliquent les prodigieux trésors entassés par les
peinture grecque
Panneau de bois recouvert de cire peinte datant du IIe siècle de l’ère vulgaire et trouvé par Flinders Petrie dans les tombes de Hawara.
souverains d’Egypte. Peut-être aussi doit-on ajouter aux sources du revenu, fourni par l’agriculture et le commerce, les lingots que les mines de la Nubie et même de l’Afrique méridionale auraient livré en grande quantité : l’on ne saurait s’expliquer, pense-t-on, la masse d’or contenue dans le trésor royal[1] si les bancs aurifères du Transvaal actuel et du pays de Machona n’avaient pas été alors connus et exploités. En effet, d’après Appian, les « économies » de Philadelphe, contenues dans les voûtes du palais, s’élevaient à 740 000 talents, ce qui représente près de trois milliards de notre monnaie[2]. Toutefois, les anciens auteurs étaient si vagues dans leurs affirmations et les étayaient si rarement de documents précis qu’il ne convient pas de citer ces chiffres en toute sécurité. Nous avons dit, d’autre part, que selon toute probabilité les communications entre les bassins du Zambèze et du Nil avaient déjà cessé au temps des Ptolémées.

Quoi qu’il en soit, les richesses des Pharaons leur permettaient amplement d’entretenir autour d’eux une foule de mercenaires, de payer à l’étranger une tourbe d’agents et de flatteurs, et de satisfaire à

  1. Henry E. O. Neil, Scottish Geographical Magazine, 1886.
  2. A raison de 3 800 francs par talent d’or.