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pan et panthéisme

rus, Spica, les Pléiades, et c’est à l’époque où ces astres surgissaient de l’horizon, en vue du sanctuaire, que se célébraient les grandes fêtes de la divinité, associée à l’astre lointain dans l’adoration des fidèles. Mais puisque, de période en période, la position apparente des étoiles change
Musée d’Aix en Provence.
platon
par suite de la précession des équinoxes, les prêtres, debout à côté de l’autel, devaient faire déplacer l’ouverture des portes pour suivre le faisceau des rayons stellaires. Bien plus, lorsque plusieurs siècles avaient déjà passé sur le temple, il ne suffisait plus de percer de nouvelles portes ; c’était l’édifice même qu’il s’agissait de reconstruire en le faisant tourner sur son axe, pour ainsi dire ; le temple marchait comme une aiguille sur le cadran des cieux. Aux endroits où les constructions s’élevèrent successivement sur la même place, l’angle d’écart, observé par les architectes, leur suffit pour révéler les époques d’érection première et de restauration. De cette manière, on a pu fixer à plus de 34 siècles avant nous (exactement à l’année — 1530) la fondation du temple archaïque d’Athéné, sur l’Acropole, et à 230 ans plus tard celle du temple d’Eleusis, qui regardait vers Sirius, comme tant de monuments contemporains d’Egypte, et qui donna peut-être asile à des magiciens venus de la même contrée[1].

Ainsi, le polythéisme hellénique comprend, dans l’ensemble de son

  1. F.-C. Penrose (and N. Lockyer) Philosophical Transactions, 1884, p. 805 et suiv. ; — Nissen, Rheinisches Museum fur Philologie, 1885, 1887.