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l’homme et la terre. — grèce

frais où l’on s’abrite du soleil[1]. Pan, qui avait valu à toute la contrée le nom de Panie[2], céda le premier rang à Zeus, le dieu jaloux ; et les Arcadiens durent se subordonner à de puissants voisins ; mais, quoique fort modeste et se retirant discrètement dans les cavernes, Pan n’abdiqua
Musée de Vienne.
aristote
Attribution contestée.
point, il resta le dieu des pauvres qui lui dressaient de simples autels, non des temples, et lui apportaient non des bêtes grasses mais de rustiques offrandes. Il vécut ainsi, bien plus durable que Zeus et autres jeunes dieux, et par une étrange fortune il dut à la ressemblance fortuite de son nom avec le mot « πᾶν », pris dans le sens de « tout », d’être assimilé à l’immensité même des choses vivantes, avec le grand univers panthéiste. C’est ainsi que dans le Satyre de Hugo, Pan, infiniment grandi, sans bornes comme le monde, abrite les hommes et les dieux dans son immensité.

Les mystères religieux de la Grèce conservèrent aussi, pendant de longs siècles, le culte direct des astres, soleil, lune, étoiles, lors même que les représentants symboliques de la nature, les dieux, eurent pris la place des éléments : le fétichisme panthéiste se maintenait sous le polythéisme, de même que, plus tard, le paganisme se continua sous le catholicisme. Les temples grecs, aussi bien que ceux de l’Egypte, furent construits de manière à s’orienter exactement vers le lever des étoiles ou des groupes stellaires les plus remarquables, tels qu’Arctu-

  1. Victor Bérard, De l’Origine des Cultes des Arcadiens.
  2. Plutarque, Dénomination des Fleuves et des Montagnes ; G. Clemenceau, Le grand Pan.