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mœurs athéniennes

portaient le même nom, différaient d’une manière essentielle. Dans l’Attique, l’esclavage n’était point ce qu’il était en Laconie, quoiqu’il impliquât aussi cette chose atroce, la possession d’un homme par un autre homme. Les gens de la campagne, d’origine grecque, étaient en réalité de simples métayers, dont la vie différait peu de celle que menaient naguère la plupart des paysans français. Les esclaves de la maison, pour la plupart gens de la Thrace ou de l’Asie Mineure, achetés
Bibliothèque Nationale.Cl. Giraudon.
monnaies grecques
aux navigateurs, étaient plus asservis, d’abord à cause du contact immédiat avec leurs maîtres, puis en vertu de leur origine étrangère ; cependant, l’histoire d’Athènes nous montre qu’ils étaient très libres en paroles et qu’ils se géraient souvent en égaux des citoyens, bien différents par leur attitude de ces malheureux Hilotes, qui devaient s’avilir par ordre, jouets des enfants brutaux de la race noble. Quant aux esclaves appartenant à la cité d’Athènes, c’étaient de véritables fonctionnaires, jouissant de privilèges matériels qu’auraient pu leur envier les citoyens pauvres. Enfin, nombre d’esclaves athéniens se rachetaient par leur travail ou recevaient la liberté en présent de leurs maîtres ; parfois, notamment dans les batailles, quand ils avaient mérité l’admiration de tous, ils entraient directement au rang de citoyens. La forme ordinaire de l’émancipation d’un esclave consistait à le vouer à un dieu : dès lors, il devenait sacré, libre par conséquent. Ainsi que le fait remarquer Laurent dans son Histoire de l’Humanité, l’hellénisme l’emporte de beaucoup à cet égard sur le christianisme. Les serfs