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législation athénienne

légende oppose très ingénieusement le législateur d’Athènes à celui de Sparte. Le premier ne fit point, comme Lycurgue, jurer les citoyens d’observer ses lois à toujours, il ne leur demanda qu’une fidélité de dix années. Déjà l’instinct populaire prévoyait les changements inévitables qu’apporterait l’avenir.

Dans l’ensemble de son développement, Athènes se montra surtout
Bibliothèque Nationale.Cl. Giraudon.
camée grec, tête de pallas athéné.
commerçante et pacifique. Elle guerroya fort peu avec les cités ses voisines et n’eut à repousser que de rares incursions de pirates, les Cyclades lui formant à l’est un double rempart protecteur. Loin de promulguer des lois contre l’étranger et de le déclarer ennemi en vertu de sa naissance, ainsi qu’on faisait à Sparte, Athènes accueillait l’exilé ; de partout les fugitifs venaient lui demander un asile, et parmi ces hôtes, les plus chers, ceux dont la lignée donna le plus d’hommes illustres à l’Attique, furent précisément les Messéniens et autres Grecs du Péloponèse dont les Spartiates avaient réduit les frères en esclavage. Un euxène, le « guide des étrangers », était chargé spécialement par la cité de les bien accueillir, de les introduire dans les temples, de leur faciliter l’établissement sur la terre que protégeait Pallas. C’était une loi de l’opinion à Athènes qu’il ne fallait « refuser à personne l’usage de