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patriotisme grec

l’effigie du dieu que l’on invoquait dans les dangers publics, et c’est derrière ses remparts que se réfugiaient les enfants et les femmes lorsque l’ennemi, trop nombreux, envahissait la plaine. Nulle part, si ce
Musée du Louvre.Cl. Giraudon.
tête archaïque (vie siècle av. j.-c.).
n’est dans les clans des tribus primitives, le patriotisme ne se produisit avec une pareille intensité, la vie, le bien-être de chacun se confondant avec le bonheur de tous. L’ensemble politique du corps social était aussi simple, aussi un et bien délimité que celui de l’individu lui-même. C’est dans ce sens qu’il faut considérer avec Aristote ζῶον πολιτιϰὀν, l’ « animal urbain », le part-prenant à la cité organique[1] — et non pas seulement l’ « animal politique », ainsi qu’on le traduit d’ordinaire —, comme l’homme par excellence, et dans l’histoire cet homme n’est-il pas surtout l’Athénien ?

Certes, la vie d’une cité, avec tous ses éléments diversement entremêlés, est une évolution trop complexe pour que dans son ensemble, et de son origine à sa fin, elle puisse représenter un principe, une idée, dans sa pureté symbolique : Athènes eut aussi ses périodes

  1. Ibn-Khaldoun, Prolégomènes ; cité par Ernest Nys, Société nouvelle, juillet 1896, p. 123.