Page:Reclus - L’Homme et la Terre, tome 2, Librairie Universelle, 1905.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
l’homme et la terre. — phénicie

aient longtemps séjourné, ils seraient descendus vers le coude de l’Euphrate et le golfe de Cilicie, mais se seraient aussi répandus dans tout le vaste rectangle de l’Asie Mineure, puisqu’on y trouve partout des monuments hittites avec la curieuse inscription en relief, encore indéchiffrée, qui se dirige alternativement de droite à gauche et de gauche à droite.
Cl. du Globus.
village de matchan, aux envibons d’urgub

Le prétendu Sésostris, dont les stèles, mentionnées par Hérodote[1], se voient encore dans les montagnes de l’Asie Mineure hellénique, entre Ephèse et Smyrne, était un guerrier hittite, et l’aigle à deux têtes représenté sur les rochers d’Euyuk était le blason du peuple de Heth ou de ses souverains : ce symbole, de la férocité toujours prête à dévorer et à détruire frappa si vivement l’imagination des chevaliers croisés pour la conquête du Saint-sépulcre que les deux plus puissantes maisons impériales de l’Europe ont pris ce relief hideux pour modèle de leurs armoiries.

Les ruines découvertes au nord de l’Halys, à Euyuk et à Boghazkoï, témoignent d’une civilisation importante : ce sont des palais conçus sur un vaste plan et contenant encore des murs de profil hardi ; c’est le sanctuaire taillé dans le flanc rocheux des collines entourant Boghazkoï et dont les parois portent de longues théories de personnages sculptés ; c’est un temple récemment exhumé par des explorateurs allemands et auquel ils attribuent plus de 4 000 années.

  1. Histoires, livre II, 106.