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corinthe

nous dit que, déjà bien avant les envahisseurs doriens, Sisyphe y roula les puissants rochers de la forteresse, ce qui donna sans doute occasion à ses ennemis d’imaginer le tourment auquel il fut condamné dans le Tartare, celui de remonter sur une pente un roc qui dévalait avant
Cl. Giraudon.
amphore chalcidienne, les bœufs de geryon
d’atteindre le sommet. A l’époque de sa prospérité, Corinthe devint la cité de la Grèce qui renferma le plus grand nombre d’habitants se pressant dans une seule enceinte : trois cent mille personnes s’y trouvaient réunies. L’échange des marchandises ne suffisant pas à son activité, elle s’improvisa grand centre de fabrication pour les poteries, les métaux, les œuvres de luxe et d’art. Quelques-unes de ses colonies furent parmi les plus célèbres du monde hellénique, notamment Corfou et Syracuse, celle-ci la plus grande et la plus peuplée de toutes les cités coloniales. Telle était la gloire de Corinthe que son nom s’identifia souvent à celui de la Grèce entière : le jour de sa destruction par les Romains, il y a vingt siècles et demi, fut considéré par tous comme la fin même de la nation.

Autre lieu que l’examen sommaire révèle aussitôt comme vital pour la rencontre des hommes et l’échange des marchandises :