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régression des hellènes

dans la civilisation hellénique, c’est leur action qui fut la plus funeste.

Le régrès de l’Hellade se manifesta surtout de la manière la plus évidente dans les contrées du nord, Epire et Thessalie, que les Doriens avaient traversées en entier dans leur invasion triomphante. Ces régions, qui tenaient une si grande place dans la mémoire et dans la religion des Grecs et où se maintenait dans leur pensée le siège de leurs dieux, cessèrent d’être considérées comme appartenant au monde hellénique.

Cl. Bonfils.

athènes — intérieur du théâtre de bacchus


La force des populations du nord pour toute initiative supérieure ou pour tout exemple à suivre se trouva définitivement épuisée : pendant les trente siècles de l’histoire connue, cette poétique Thessalie, qui donna tant d’éléments précieux à notre avoir légendaire et mythique, n’a pris aucune part appréciable à l’action de l’humanité. Même dans les contrées du sud, qui maintinrent quand même le nom de la Grèce, l’invasion dorienne fit d’abord reculer en tous lieux la culture hellénique, ainsi qu’en témoignent nettement les manifestations d’art. Comme tous les gens de guerre, les Doriens étaient pleins d’un arrogant mépris pour les inventions, les métiers, les œuvres, les idées des nations dont ils envahissaient le territoire, ils n’avaient que