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guerre de troie

faisaient des incursions guerrières dans ces beaux et riches territoires de la Dardanie. Tantôt vainqueurs, tantôt vaincus, ils finirent par s’emparer des forteresses ennemies, et les Troyens survivants eurent à chercher un asile en terres étrangères. C’est ainsi que procèdent les nations pour résumer en une épopée ou même en un simple mythe toutes les vicissitudes d’un cycle de l’histoire.

trière grecque restaurée

Si l’on s’en tenait strictement au récit de l’lliade, il faudrait croire à une parenté très rapprochée entre les envahisseurs grecs et les Troyens. Les mœurs, les coutumes sont représentées comme étant les mêmes de part et d’autre ; des côtés opposés du rempart, les combattants se provoquent dans la même langue ; les dieux auxquels on adresse des objurgations ou des actions de grâce diffèrent les uns des autres, mais ils siègent sur le même Olympe. Des historiens ont ainsi pu prétendre avec une grande apparence déraison, en s’appuyant sur le texte précis des anciens chants, qu’il n’y avait aucune différence essentielle de race ou d’origine entre les armées qui se disputaient Ilion. Mais une épopée n’est point un mémoire historique. Elle transforme les événements qu’elle met en scène ; comme le théâtre, elle leur