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mélange de populations

un nom glorieux, cherchent, en leur naïve inconscience, à se donner d’illustres fondateurs unissant dans leur histoire particulière tous les hauts faits accomplis durant le cycle dans lequel ils vécurent. Mais les aristocraties, les cités oubliaient, et les historiens oublient avec elles
Musée du Louvre.
statue funéraire, défunt divinisé,
influence égyptienne
que la plupart des groupes urbains avaient commencé, soit par l’arrivée d’étrangers qui s’unissaient à des femmes du pays, soit par l’établissement de captifs que des conquérants dressaient au travail, soit par une proclamation d’amnistie et de franchise adressée aux brigands et aux désespérés de toute race. La légende ne dit-elle pas que Cadmos fonda ainsi la ville de Thèbes, et que Thésée construisit Athènes autour d’un asile des malheureux[1] ? « Peuples, venez tous ici », telle fut la formule de l’appel que lança le héros lorsqu’il voulut faire de sa ville le rendez-vous de tous. Est-ce la raison pour laquelle Homère, dans son Catalogue des Vaisseaux (Iliade, 547), donne aux seuls Athéniens le nom de peuple[2] ? « Ne cherchez pas la tribu », disait un proverbe, pour indiquer le manque absolu

  1. Giambattista Vico, Science nouvelle, édition française, p. 202.
  2. Aristote, République athénienne, éd. Th. Reinach, pp. 2, 3.