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l’homme et la terre. — libye, éthiopie

Seba est aux bords du Nil, Hevila et Sabta habitent sur le littoral africain de la mer Rouge et du golfe d’Aden, Saba leur fait face du haut des monts du Yemen, Regma, Sabteca et Dedan sont placés le long du golfe Persique, Nimrod enfin occupe le bassin mésopotamique. La chaîne est complète entre les deux civilisations nilotique et chaldéenne.
jeune fille du district de chakieh
(4e cataracte)

L’influence directe des peuples civilisés de l’Arabie méridionale sur les Ethiopiens devait se manifester surtout par la propagande religieuse. Tous les cultes de l’Orient trouvèrent leur chemin vers les monts abyssins par la voie de la mer Rouge. Les inscriptions hymiaritiques de l’Ethiopie prouvent qu’il y a vingt-sept siècles, avant l’âge où le mouvement hellénique pénétra triomphalement dans le monde asiatique, la religion dominante était le sabéisme. Le lieu principal du culte se trouvait dans la région même qui avait été le centre de la domination égyptienne : la ville des temples, appelée à diverses époques Yeva ou Ava, est encore signalée par quelques débris à cinq heures de marche au nord-est d’Adua[1]. Le culte des astres, et surtout celui des planètes que l’on voit cheminer dans le ciel parmi les étoiles fixes comme des bergers au milieu de leur troupeau, avait suivi de la Chaldée à l’Ethiopie le chemin des caravanes et trouvé sur ces hauts observatoires des montagnes du Tigré un lieu de développement favorable.

Habiles à observer les chemins et les conjonctions des étoiles

  1. J. Théodore Bent, The ancient Trade Routes across Ethiopia. The Geographical Journal.