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littérature égyptienne

être en mainte circonstance, n’auraient certainement pu se formuler si parfois un sentiment vrai ne les avait évoquées. Ainsi, l’on reçoit une impression de sincère vérité humaine en lisant sur une stèle de Snefru, trouvée, sur une paroi des monts Sinaï, l’inscription qui mentionne l’ « épouse de celui qu’elle aime » et la « chérie de son père, la fille aimée qui est sortie de ses flancs »[1].

Cl. David Gardiner.

le nil a luksor

Mais à l’époque où toute parole émue est sacrifiée aux redites des prêtres, à la vanité des souverains, on put croire que l’Egypte tout entière allait être momifiée comme les cadavres de ses morts. Telle est la raison pour laquelle les Grecs, en hommes si mobiles, si impressionnables à toute nouveauté et si prompts à changer eux-mêmes, virent dans les Egyptiens ce peuple « immuable » dont parle encore Bossuet. Cette impression première ressentie par les voyageurs hellènes nous est restée, et si tout le décor extérieur a changé par suite des invasions étrangères et des grandes évolutions mondiales, il est certain qu’à maints égards les masses profondes de la population

  1. Bonola, Bull. de la Soc. khédiviale de Géogr., 1896, n° 10.