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l’homme et la terre. — égypte

l’Arabie sud-occidentale, tandis que Petrie s’est demandé s’ils n’étaient point des « Libyens venus de l’Ouest ». Le mode d’enterrement des morts semble lui donner raison, car ils étaient toujours placés les genoux pliés et la face tournée vers le soleil couchant. Mais peut-on, de ce simple fait, tirer une déduction en faveur de la théorie climatique d’après laquelle les oasis de l’ouest étaient, il y a

l’ibis sacré
quelques milliers d’années, plus vastes, les déserts moins arides et moins difficiles à franchir, le climat moins brûlant et plus propice à l’homme[1] ?

La provenance des plantes cultivées et des

animaux domestiques contribue à jeter un certain jour sur les influences premières auxquelles fut soumise la nation des Egyptiens. Ainsi l’on sait que les marchands d’aromates et autres précieux produits végétaux de l’Arabie

sud-occidentale apportaient aussi des arbres dont quelques-uns prirent dans l’esprit des indigènes un caractère sacré : tel le sycomore (Ficus sycomorus) au large branchage noir, incliné sur les eaux du Nil ; tel aussi le persea des auteurs grecs (Mimusops Schimperi), que des inscriptions mentionnent dès l’époque de la quatrième dynastie, et que l’on ne voit plus sur les bords du Nil depuis trois siècles environ[2], mais qu’on retrouve encore au Yemen, dans sa patrie d’origine. C’est par la même voie, celle de l’Atbâra et du Nil moyen, que les Egyptiens reçurent probablement une de leurs plus précieuses richesses, leur meilleur aide dans le labour. On considère en effet que l’âne domestique descend de l’âne sauvage de la Nubie, et non de l’onagre des déserts de la Syrie et de la Perse. C’est l’âne

  1. Oscar Fraas, Aus dem Orient.
  2. G. Schweinfurth, De l’Origine des Egyptiens, Bull. de la Soc. khédiviale de Géographie.