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secheresse et humidite

hommes n’y vivent, bien malgré eux, qu’avec le désir de quitter au plus tôt cette « terre de Désolation », ainsi dénommée par Cook en son voyage de 1770. Pour s’accommoder au climat, les insectes de l’île, notamment les mouches et le seul papillon indigène, ont perdu leurs ailes : celles-ci ne pourraient que les gêner, puisqu’ils se trouveraient emportés par le vent sans avoir eu le temps de les ouvrir[1].

îles kerguelen. — Panorama du Port-Gazelle, près de la cascade de la Pointe-Duck.
A, montagne, presqu’île, observatoire. — B, dépôt de vivres. — C, cap Ashfeld, entrée du Port-Gazelle.

Pour des raisons analogues, maintes vallées tropicales, admirablement fertiles ou bien riches en métaux, restent abandonnées par l’homme ; il se refuse à vivre sous des pluies continuelles. Ainsi, les mines d’or très abondantes de Caravaya, sur le versant oriental des Andes péruviennes, ont dû être délaissées pendant tout le cours du dix-neuvième siècle par les prospecteurs espagnols, très âpres pourtant à la recherche des pépites. De même, les pentes andines de l’Ecuador, s’inclinant à l’est vers le sillon profond que parcourt l’Amazone, restent presque sans habitants, malgré la valeur de leurs gisements et la variété de leurs végétaux précieux. Que de fois les aventuriers se sont-ils hasardés dans les ravins orientaux de la Sierra Nevada magdalénienne, entre Rio Hacha et Santa Maria, dans l’espoir d’y faire une ample récolte d’or! Mais les pluies qui tombent immanquablement chaque jour, formant par leur

  1. Studer, Ausjlug auf der Insel Kerguelen, Berner Taschenbuch, 1881.