Page:Reclus - L’Homme et la Terre, tome 1, Librairie Universelle, 1905.djvu/533

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
511
métallurgie, cuisson des briques

tagnes lointaines. Le durcissement des briques par le feu resta peut-être, pendant des siècles, un simple fait d’observation qui ne donna lieu à aucun changement dans le mode de construction en briques crues, adapté à une société rudimentaire ; mais le jour vint où quelque bâtisseur ingénieux eut l’idée d’employer les pierres cuites au feu pour tout ou partie de son édifice qu’il désirait rendre plus durable ou plus beau.

(Musée du Louvre.)

quadruple colonne babylonienne en briques

Chaque brique porte l’empreinte — invisible de l’extérieur — d’une inscription estampée avant cuisson. C’est une formule talismanique destinée à assurer l’éternité des monuments, à les sauvegarder des ennemis matériels et immatériels (Gobineau).


Or, « la cuisson de la première brique, dit von Ihering[1] peut être considérée comme un des faits les plus féconds en conséquences de toute nature qui se soient jamais accomplis sur la terre : il serait difficile de lui en comparer d’autres pour la portée civilisatrice », car de la brique naquit la ville.

Tandis que la charrue augmenta seulement la quantité de nourriture, la pierre artificielle groupa les hommes en sociétés, elle les associa par le travail, leur donna, par l’édifice, la conscience de leur supériorité de culture, de leur nation, de leur durée, et fit naître, par la discipline intellectuelle que nécessitait la construction, toute une série de recherches et de sciences qui lancèrent l’humanité dans une voie nouvelle de civilisation. D’après Peters, la première brique cuite dont

  1. Les Indo-Européens avant l’Histoire, trad. de Meulenaere.