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l’homme et la terre. — potamie

l’imagination des hommes : il était donc tout simple qu’on les associât en un même tableau[1].

L’existence des grands courants fluviaux, qui modifia si puissamment l’idée première du paradis — imaginé d’abord comme une montagne du septentrion —, dut agir avec la même efficacité sur d’ensemble des mœurs et des idées générales. Ainsi le labour dans les terres grasses formées d’alluvions fluviatiles prît-il un tout autre caractère que l’agriculture dans tes vallées du pourtour iranien ; c’est en bas, sur les limites du désert, et cependant en plein sol de limon, « la tête dans le feu, mais les pieds dans l’eau », que les agriculteurs potamiens apprirent à cultiver le dattier, plante devenue essentiellement humaine puisqu’elle n’a plus d’existence spontanée : pure œuvre de l’homme, dont celui-ci fit un dieu[2].

D’après un bas-relief de Khorsabad.

le gonflement des outres

De même l’art de la navigation dut certainement naître au bord des grands cours d’eau de la plaine, alors que sur les hautes terres de l’Iranie les peuples primitifs n’avaient eu aucune occasion d’apprendre cette industrie. Les ruisseaux, les rivières du plateau sont des filets

  1. Alfred Loisy, Les Mythes babyloniens.
  2. De Sarzec ; — Rivières, Bulletin de la Société de Géographie d’Alger, 2e trim. 1903.