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antiquité de l’homme

avec soin par les caravanes, et le Djuf, ou « Ventre du désert », au nord-ouest de Tombuctu, est une dépression, peut-être saline, que défendent aussi les dangers de la faim et la terreur de l’inconnu contre toutes violations des sables par les pas humains.


(British Muséum, Londres.)Mansell, phot
statue de l’île de paques
Mais, en dehors de ces régions vraiment inhabitables, les hommes s’étaient répandus sur tous les continents de l’Ancien et du Nouveau Monde, jusqu’aux promontoires extrêmes, jusqu’aux « fins des terres », et par delà l’Océan, dans la plupart des îles et des archipels.

La voie lactée de la Polynésie avait reçu des habitants de proche en proche jusqu’aux groupes des îles Basses, invisibles de loin sur la vaste mer, jusqu’à la solitaire île de Pâques, où l’on a trouvé les traces d’une civilisation préhistorique presque grandiose.

Le peuplement complet des espaces continentaux témoigne de la longue durée des âges pendant lesquels les diverses races du genre humain se propagèrent à travers le monde. Il est difficile de s’imaginer combien pénible devait être la colonisation avant que les chemins fussent tracés dans les forêts et les marécages, avant que l’on possédât des barques et des radeaux pour les bras de mer.

Et cependant l’expansion des hommes se fit d’un bout du monde à l’autre, soit lentement, par l’accroissement des familles, soit, en maintes occasions, par de rapides exodes à de grandes distances du lieu d’origine. On est étonné de voir, dans les deux ensembles continentaux, comment des peuplades de même souche et de langues sœurs se trouvent séparées les unes des autres, à des milliers de