Page:Reclus - L’Homme et la Terre, tome 1, Librairie Universelle, 1905.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
32
l’homme et la terre. — origines

tence humaine sur la planète : l’espèce se présente à nous comme s’étant propagée d’un bout du monde à l’autre depuis les temps immémoriaux.


(British Muséum, Londres.)Mansell, phot.
statue colossale préhistorique
de l’ile de paques (océanie)
(Dos)
Aux débuts de l’histoire écrite, débuts qui varient d’environ quelques siècles à dix milliers d’années pour les divers pays, suivant la succession des découvertes faites par les civilisés, aryens, sémites ou touraniens, les continents étaient peuplés dans presque toute leur étendue, de même que les grandes îles situées dans le voisinage des côtes : les seuls espaces complètement déserts étaient, comme aujourd’hui, les âpres régions des montagnes, les surfaces neigeuses ou glacées, les tourbières tremblantes, les sables et les rochers dépourvus de toute végétation.

Dans l’Asie, il n’est guère de contrée où les nomades, Arabes, Baloutches, Mongols, ne se soient aventurés, n’aient même habité temporairement, après des pluies d’orage et la soudaine germination des herbes. Cependant, il reste quelques déserts d’Arabie, notamment au nord du Hadramaut, où nul n’osa se hasarder, vu la fluidité des sables dans lesquels l’homme s’engouffre et disparaît en peu d’instants.

En Afrique, de vastes espaces du Sahara restèrent inaccessibles pendant toute la période connue de l’histoire : telles, à l’ouest de l’Egypte et de ses dernières oasis, Farafreh, Khargeh, Dakhel, les formidables rangées de dunes qui se déroulent sur une largeur de plus de mille kilomètres dans la direction du Tibesti.

Les dunes d’Iguidi, dans le Sahara occidental, sont également évitées