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formes de mariage

teurs, elle quittera le pays sans laisser de traces. De l’autre côté, les peuples cantonnés en leur massif de montagnes ou parqués en leurs bassins de culture, bien limités, se composeront de bergers et d’agriculteurs résidants ayant un genre de vie stable, des institutions permanentes, des rapports déterminés avec les nations limitrophes. L’histoire les embrasse volontiers dans ses descriptions et ses récits, tandis qu’elle reste longtemps ignorante des hordes fugitives et lointaines qui s’agitaient au delà du Caucase.

Musée de l’Ermitage, à St-Pétersbourg.

scythes armés de lances, d’après le vase de kul-oba

Aux origines de l’humanité consciente, les monts d’entre Caspienne et Pont-Euxin présentent donc deux faces à caractère bien distinct, le côté de la civilisation relative, celui de la barbarie ; la lumière au midi, et l’ombre sur le versant du nord. Cependant des échanges pouvaient avoir lieu de l’une à l’autre région, mais plus encore par une voie détournée que directement par les passes des montagnes. On a constaté, durant le cours des siècles, que les mouvements de migrations et de conquêtes se sont faits très fréquemment de l’Asie antérieure et des plaines Sarmates — la Russie méridionale — en se propageant à l’ouest par la Thrace européenne, le long des rives de la mer Noire. Jadis les Kimmériens et les Scythes, de même que les Turcs à une époque plus récente, firent ainsi le grand circuit en suivant les côtes, conformément à la « loi du moindre effort ».

Pourtant, si âpre d’accès, si difficile à l’escalade que soit le multiple