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civilisation des perses

la nuit ; mais dès que le soleil arrondit au-dessus de l’horizon sa courbe étincelante, la nature frissonne d’amour, les fleurs s’entrouvrent, les
D’après un bas-relief de Persepolis
roi accompagné de ses serviteurs
Groupe surmonté du ferouer
(Voir p 442)
oiseaux chantent, les hommes, heureux du réveil, se mettent au travail avec joie. Puis quand l’astre, ayant parcouru sa carrière, s’est couché rouge et somptueux en son lit de nuées, que le large disque a plongé dans l’Océan, tous vont au repos, et le sommeil engourdit les êtres, les préparant au renouveau du lendemain. La force du soleil passe dans le feu, reflet terrestre, étincelle du sublime foyer ; elle pénètre la sève des arbres, le sang des animaux et des hommes, elle s’infuse dans nos muscles et nos cerveaux. Que le soleil cesse de briller et, sur la terre, tout disparait en même temps. Que la chaleur diminue par suite d’un voyage excentrique vers l’infini, nous entrons dans « le grand hiver »[1], et notre civilisation si vantée redevient barbare ; les glaciers qui avaient reculé vers le pôle repren-

  1. James Croll, Climate and Time.