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l’homme et la terre. — iranie

quelle relation de cause à effet rattache cette extension à l’invasion de l’Egypte par les Pasteurs, qui, à un siècle près, semble de même date, mais elle appartient certainement au même cycle d’ébranlement des peuples. Vers l’orient, leur expansion fut telle que, par delà la Bactriane, la Chine en reçut le choc initial : les habitants des montagnes des Bakhtyari firent jaillir l’étincelle qui produisit la civilisation chinoise[1].

Ce vaste empire élamite dura peu ; nous trouvons, il y a trente-neuf ou quarante siècles, le célèbre Hammurabi, roi de Babylone, dominant à Suse. Plus tard, après des siècles de luttes, dont les phases sont encore obscures, de puissants rois ont à nouveau le siège de leur empire dans la capitale de la Susiane. Un certain Chinchinak, fils de Chutruk Nakhonte, membre de cette dynastie, bâtisseur et archéologue, reconstruit plus de vingt temples, exhume et restaure les anciennes stèles, transcrivant religieusement le texte en langue sémitique, vieux parfois de deux mille années, et y ajoutant, en langue touranienne, son nom, celui de sa femme et ceux de ses enfants[2].

Jusqu’alors le plateau restait sans histoire, les habitants d’Iran n’ayant pas fait usage de l’écriture avant l’époque des Akhéménides. Les vagues indices que l’on découvre maintenant montrent que peu à peu l’aimantation du monde persan se déplaçait du sud au nord, dans le même sens que le centre du pouvoir dans le bassin des deux fleuves. A la grande influence de la Chaldée sur le monde oriental succéda celle de l’Assyrie, et même, de ce côté, le rebord du plateau fut annexé à l’empire des Sar conquérants. Une cité riveraine du Tigre, Ninive, devint la puissante rivale de Suse.

Une furie de destruction et de massacres semble posséder les peuples d’entre Caspienne et golfe Persique à partir de la constitution de la puissance assyrienne. Les guerres se succédèrent sans interruption, mais elles furent singulièrement compliquées par l’incursion de nouveaux peuples venus du Nord : les Kimmériens qui, originaires des plaines Sarmates avaient envahi l’Asie Mineure et l’Arménie par l’occident du Pont-Euxin, puis les Scythes accourus du bassin de la mer d’Aral.

  1. Terrien de la Couperie, Babylonian and Oriental Record.
  2. Capitan, Histoire de l’Elam, Revue de l’Ecole d’Anthropologie.