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l’homme et la terre. — iranie

La plus importante de ces ouvertures est celle qui fait communiquer l’angle nord-occidental de l’Afghanistan actuel, c’est-à-dire la vallée du Heri-rud, avec les plaines situées au nord du Paropamisus. En cette région, plusieurs chemins s’ouvrent de l’un à l’autre versant, et chacun eut son importance historique. D’abord, il serait facile d’emprunter le lit souvent à sec ou les bords mêmes de la rivière : en aval des campagnes où s’élève la cité de Herat, à environ 900 mètres d’altitude, on n’aurait qu’à suivre le cours du Heri-rud pour entrer dans la série de défilés qui coupe complètement en deux le diaphragme du Caucase indien, et l’on finirait ainsi par gagner la grande plaine où se ramifient les canaux d’irrigation du Tedjen ; mais les cluses dans lesquelles s’engage la rivière, et parfois la violence de ses crues, ont empêché les migrateurs et les marchands de suivre cette route, et toujours ils préfèrent franchir plus à l’est l’un des cols qui s’ouvrent à travers le prolongement de l’Hindu-kuch qui a gardé plus spécifiquement le nom de Paropamisus. Une autre voie, qui unit par la ligne la plus droite les deux bassins de Merv et de Herat, s’élève à 1 536 mètres, faible altitude en comparaison de toutes celles qui se succèdent plus à l’est, jusqu’à des milliers de kilomètres. Mais entre cette route directe et la vallée du Heri-rud, les voyageurs connaissent plusieurs passages faciles traversant les montagnes dites actuellement de Barkhut, et l’un d’eux, le seuil de Khombu, haut de 945 mètres, n’a pas même 300 mètres de saillie au-dessus des plaines sous-jacentes, au nord et au sud[1].

Les communications naturelles sont donc faciles de l’un à l’autre versant du Paropamisus. Mais ce qui donne aux nombreuses portes de la montagne une importance exceptionnelle dans l’histoire des nations est que ces divers chemins, convergeant dans le bassin de Herat, se continuent par une large avenue traversant en une vaste courbe toute l’Arianie orientale pour mettre en relations géographiques les plaines de l’Oxus et celles que traversent les Sept rivières. Il est vrai que directement au sud de Herat se profile une chaîne dont les brèches ont encore 2 000 mètres d’élévation, mais vers l’ouest cette arête s’abaisse rapidement, et l’on peut la contourner et se diriger au sud à travers une région aux molles ondulations de terrain qui se maintiennent à

  1. Lessar, Geographical Journal, Jan. 1883.