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l’homme et la terre. — iranie

ment enfermées, et celles qui avaient de par la nature leurs libres communications avec l’extérieur étaient néanmoins en grande majorité entraînées par la pente du sol et la direction des eaux vers l’intérieur du pays : la formation de tribus distinctes, de nationalités à limites ethniques précises, fut ainsi favorisée ; des pays aux contours bien arrêtés sont la première condition du patriotisme primitif.

escalier souterrain conduisant a un point d’eau
d. Terres rejetées par les travaux de fonçage. p. Puits. E. Escalier.

La rareté des pluies et des eaux courantes a rendu les habitants de la contrée extrêmement industrieux pour la recherche et la conservation des eaux souterraines. En aucune région de l’iranie on n’est plus habile pour la divination des sources profondes et pour la construction des karez, ces canaux, appelés kanât dans la Perse proprement dite, qui se poursuivent le long des pentes à quelques mètres au-dessous du sol. La déclivité est parfaitement ménagée de manière à faciliter le cours de l’eau, mais sans qu’une trop grande vitesse de flot produise des érosions. Villes et villages s’alignent le long de ces artères vivifiantes. Certains karez ont été taillés en galerie dans la roche dure, d’autres passent en siphon sous des ravins. Un de ces canaux, dans la vallée du Bori, du Balutchistan actuel, a été creusé au-dessous d’un lit de torrent large de 90 mètres, où le courant descend, après les pluies, en une nappe d’un mètre et demi de profondeur et avec une vitesse de 9 kilomètres à l’heure[1].

Actuellement le gros de la population qui habite les contrées dites

  1. A. C. Yate, Loralai, Scottish Geographical Magazine, July 1897, p. 360