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l’homme et la terre. — iranie

yeux brillent d’une ardeur intelligente, et ils secouent leur petite tête frisée avec des gestes les plus spirituels et les plus charmants.

L’espace trapézoïdal de la Perse, compris entre les remparts inégaux des monts, n’est pas également bien aménagé par la nature pour l’heureuse floraison de la « plante homme ». Loin de là ! Une très forte part de ces hautes terres consiste en étendues rocheuses, argileuses, sableuses ou salines complètement inhabitables. Le plateau se creuse vers son milieu d’une cuvette aux pentes douces descendant jusqu’à une altitude de 300 (140 ?) mètres seulement au-dessus du niveau de la mer. Des rivières coulaient autrefois vers cette dépression médiane ; une mer intérieure ou du moins un vaste lac emplissait la cavité ; mais la dessiccation générale du climat a vaporisé ces nappes d’eau, tari ces rivières, stérilisé ces espaces par les efflorescences salines, et la population a dû se borner à l’occupation des vallées herbeuses et des zones fertiles qui longent la base des monts. Même entre les arêtes parallèles de plusieurs des chaînes montagneuses qui se succèdent dans la partie sud-occidentale du plateau, s’étendent çà et là des espaces sans eau où l’homme n’a pu s’établir. Si le moulin à vent est d’origine persane, comme le disent les indigènes, la raison en est au souffle constant qui balaie violemment les vastes étendues désertes et les pitons isolés au milieu des anciennes mers.

En étudiant les contours de ces régions forcément stériles de l’Iran, on constate que, dans l’ensemble, elles occupent avec leurs annexes les terres les plus basses, affectant une forme à peu près triangulaire vers le centre, le sud et l’est du pays. D’autre part, les régions fertiles, invitant l’homme à la résidence et à l’agriculture, sont disposées en deux bandes se rencontrant sous un angle aigu dans la partie nord-occidentale du plateau.

Ce territoire s’enfonce sur un espace de plus de 500 kilomètres entre deux rangées de hautes montagnes ; de puissants massifs le limitent également au nord, les cônes de volcans isolés dont l’un est, à certaines saisons, complètement entouré par les eaux du lac d’Urmiah, se dressent çà et là ; un grand nombre de passages divergent de l’Azerbeïdjan vers tous les pays du pourtour, à l’est vers les côtes de la Caspienne, au nord vers la vallée de l’Araxe, à l’ouest vers le lac de Van, au sud-ouest vers le Tigre et l’Euphrate. Ainsi les pêcheurs riverains