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types d’évolution

un sang nouveau par l’accession des Japonais à sa manière d’agir ; les derniers Peaux-Rouges sont entraînés dans la circulation américaine ; tous les peuples « entrent dans la danse » et leurs meilleurs éléments s’en affinent puissamment. Il n’y a désormais plus de question de progrès que pour la Terre entière.

D’ailleurs, les va-et-vient, la série des actions et réactions, des progrès et regrès qui constituent l’histoire doivent s’accorder avec les grandes oscillations de la planète, elle-même influencée par les astres, et principalement par le soleil, le grand foyer de la lumière, de la chaleur, du magnétisme terrestres. La période marquée par l’accroissement et le décroissement alternatifs des taches du soleil est l’un de ces régulateurs cosmogoniques dont les savants, astronomes, géographes, économistes, ont cherché à déterminer l’action sur le climat, les récoltes, la série des années grasses et des années maigres, des temps de prospérité matérielle et de gêne. On a cru trouver ainsi un rythme d’environ onze années, qui d’ailleurs est assez vague, de même que, sur le soleil, l’alternance des taches. Brûckner a également constaté, du moins pour les contrées de l’Europe occidentale, l’existence d’une période de longueur triple, comprenant alternativement une série d’années plus ou moins humides, qui, par contre-coup, donnent aux sociétés un rythme économique et politique correspondant.

Indépendamment de ces périodes dont la durée n’atteint pas même celle d’une vie humaine ordinaire, on pense constater de vastes balancements terrestres et célestes dont l’influence se répercuterait nécessairement sur l’histoire de l’humanité ; ne semble-t-il pas évident que les grands cycles cosmiques doivent être accompagnés de phénomènes en retour dans la vie des hommes subordonnés à la nature ? On ne saurait en douter pour les alternances amenant l’embâcle d’un pôle et la débâcle de l’autre ; et l’on est porté à croire avec certains mathématiciens[1] que les oscillations séculaires du courant magnétique à droite et à gauche du pôle correspondent également à une « grande année » dans le développement du genre humain. Mais quelle est la durée exacte de la révolution complète de l’aiguille aimantée à l’est et à l’ouest du pôle boréal de la terre ? On ne le sait point encore d’une manière

  1. R. Brück, l’Humanité, son Développement, sa Durée.