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sentiment religieux

Dourga et Siva, la troisième personne de la Trinité ? Le singe Hanuman et surtout la vache sacrée des Brahmanes ne sont-ils pas aussi de très grandes divinités, vers lesquelles se tournent les regards de deux cent
(Musée Guimet).
ganesa, l’éléphant, type de la sagesse
millions d’hommes ? Apis et Anubis régnèrent pendant de longs siècles sur les riverains du Nil, et le dieu Juifs n’avait-il pas, dans son entourage immédiat, donné la force souveraine à des taureaux ailés ou « chérubins », de même qu’à des « séraphins » ou grandes sauterelles ? C’est aussi un culte religieux qui fut rendu par les tribus primitives aux bêtes de la forêt, de la savane et de la mer, au cerf, au caribou, au chevreuil, à l’antilope, au castor, à l’ours, au bison, à l’ému, au phoque, à la baleine, au kangourou, tous animaux que des groupes de familles revendiquent encore avec orgueil comme ancêtres. Par une sorte d’atavisme, des Haïtiens — et on leur en fait un crime — adoraient le dieu de leurs ancêtres du Dahomey, le serpent Vaudou.

Même les chrétiens, au nom desquels des philosophes refusent la religiosité à ces animaux, dont le nom signifie pourtant « possesseurs du souffle », ou « qui ont une âme », les chrétiens ont souvent manqué à la logique dans leur histoire religieuse, puisque mainte assemblée de l’Eglise, affirmant la responsabilité de tel ou tel animal, le condamna au bûcher, à la hart ou à la hache. Et chaque évangéliste n’est-il pas souvent accompagné de son animal emblématique ?