Page:Reclus - L’Homme et la Terre, tome 1, Librairie Universelle, 1905.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
263
chefs militaires

intelligence, une connaissance supérieure des choses. Déjà le sujet s’humilie devant son maître ; il appartient à des générations asservies depuis assez longtemps pour être devenues courtisanes.

vache marquée et ornée (pays des masaï, afrique orientale)

La monarchie a pu d’autant mieux se consolider chez l’homme qu’il est lui-même un animal « domesticable[1] » comme le chien et tant d’autres espèces. Dompté soit par la flatterie, soit par la terreur, puis maintenu dans la servitude par l’accoutumance, l’homme laisse prendre ses forces et sa vie par celui qui possède le vouloir ; mais, tout en abandonnant la dignité de sa personne, il reste homme par l’affection, les sentiments du respect et de la vénération, et c’est précisément celui qui lui a ravi la fierté qu’il finit souvent par aimer, respecter et vénérer plus que tous autres. « Chien couchant », il rampe aux pieds du maître qui l’insulte et le frappe.

  1. Ludwig Gumplowicz, article cité, p. 6.