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patriarcat

une existence des plus malheureuses : le mari la bat et ne lui permet pas de manger en sa présence[1].

Dessin de George Roux, d’après une photographie.

le grand conseil des femmes, chez les wyandot

De même en Béarn, ainsi qu’au Japon, le mari d’une héritière, aînée des enfants, va demeurer chez elle et reçoit d’elle son nom, qui est en même temps celui de la terre et qui devient celui de toute la famille : on pourrait en conclure à l’existence d’un véritable matriarcat, mais le mari, quelle que soit sa déférence envers l’héritière qui lui donne la fortune et le nom, n’en reste pas moins le chef, le maître incontesté[2].

La polyandrie est une forme d’union qui dérive naturellement du matriarcat. Dans l’union de l’homme et de la femme, les deux éléments ont une tendance à maintenir quand même leur personnalité et par suite à prendre la prédominance suivant que l’un ou l’autre se trouve favorisé par le milieu. Or la femme, absolue maîtresse de ses enfants, subordonnant l’homme à son pouvoir et comptant seule

  1. Laloy, Anthropologie, t. VIII, 1897, p. 110.
  2. Jacques Lourbet, Revue de Morale Sociale, 1899, p. 164.