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protection contre les intempéries

neige ou sous la grêle ; des femmes allaitant ainsi leurs enfants en plein air d’hiver, sans que les nourrissons parussent en souffrir, s’éloignaient avec précaution d’un feu auprès duquel des blancs, débarqués sur le
eskimaux du village de kuskokwogmut
(alaska occidental)
rivage, grelottaient encore[1]. La pratique usuelle, pour les Fuégiens qui ont pu se procurer des fourrures de guanaco ou d’autres couvertures chaudes, est de les tourner du côté d’où souffle le vent, mais sans se donner la peine de garantir le côté du corps naturellement abrité.

Dans ce cas, comme pour les modes des pays chauds et tempérés, il est évident que la pudeur naturelle n’est pas la cause première de l’habitude du vêtement prise par les hommes des temps historiques. D’ailleurs, l’origine utilitaire des habits endossés contre le froid n’empêche point les sentiments de coquetterie de se manifester ; les effets sont les mêmes que pour les habillements provenant d’une autre origine. Les jeunes Groenlandaises, par exemple, savent donner un aspect des plus élégants à leurs pantalons brodés, à leurs jaquettes, bottes et capuches aux floches de couleur, et, en outre, elles ont pu, dans les villages non gouvernés par les missionnaires, garder de légers ornements de tatouage sur le menton, les joues et les mains. Les Eskimaux de l’Alaska occidental, dont certaines tribus sont particulièrement coquettes, savent aussi composer leur costume de four-

  1. Ch. Darwin. Voyage of a Naturalist round the World.