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l’homme et la terre. — peuplés attardés

peau du bœuf mort pour y reporter des faits qu’on tenait à se rappeler. Le cuir se revêtit de documents scripturaux : on y consigna les traités
boites en ivoire sculpté (ogowé)
Congo français.
entre nations, on y écrivit des lois. De ces grossiers matériaux, qui servirent aux premiers Juifs, aux premiers Phéniciens, aux premiers Romains, naquit plus tard l’usage du parchemin chez les lettrés de Pergame.

Indirectement, les œuvres d’art laissées par nos devanciers de la préhistoire ont aussi contribué à nous faire connaître quelques traits de la civilisation pendant ces âges lointains. On peut y apprendre vaguement quels étaient les types physiques des personnages mis en scène ; on peut même essayer de les classer suivant leurs types et de les rattacher à telle ou telle des races désignées conventionnellement comme
coquillage des iles salomon
dans lequel sont sculptés
des ornements représentant un
visage : les yeux sont formés
par deux têtes d’oiseaux et les
dents par leurs ailes.
les éléments distincts du genre humain. Ainsi, pendant la première période « glyptique », aux temps où de nombreux éléphants parcouraient les campagnes verdoyantes, au bord des lacs et des rivières et jusque dans les hautes vallées que venaient d’abandonner les glaces, fondues par le souffle tiède du midi, les artistes ciselaient volontiers l’ivoire de figurines de femmes ; une de celles-ci semble velue, d’autres présentent peut-être des caractères stéatopygiques comme les « Vénus hottentotes »[1].

À une époque ultérieure, les populations des temps magdaléniens auraient eu un type plus rapproché de celui des habitants actuels. Mais leurs sculptures, très grossières et incomplètes, ne sauraient fournir des indications bien précises, et nombre d’anthropologistes font leurs réserves au sujet de ces

  1. Ed. Piette, Bulletin de la Société d’Anthropologie de Paris, séance du 3 mai 1894.