Page:Reclus - L’Homme et la Terre, tome 1, Librairie Universelle, 1905.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
202
l’homme et la terre. — peuples attardés

parallèles : sculpture sur bois, sur ivoire, sur os, sur corne, fabrication des étoffes et des vases, d’autres travaux encore, s’appliquent à des substances qui périssent pendant la durée des âges et ne peuvent indiquer de périodes générales.

En fournissant des cailloux, le sol offrait des armes ; de même, on peut dire que le primitif n’eut pas même besoin d’inventer des étoffes, puisque la nature les donne gratuitement, du moins dans les contrées
haches en silex taillé (Epoque paléolithique)
St-Acheul, près Amiens (Somme).
1/3 grandeur.
tropicales où l’on présume que les races humaines prirent naissance. Là, certaines espèces de cactus, de bananiers et autres plantes à grasses tiges s’entourent à leurs bases de toiles naturelles à fibres entrecroisées qui sont bien réellement des tissus, modèles de ceux dans lesquels l’homme s’enveloppe aujourd’hui. Ces réticules peuvent être facilement égalisés, consolidés, resserrés par la main de l’homme. Il ne reste ensuite qu’à les rendre durables, soit en les martelant pour les débarrasser de leurs déchets, soit en les trempant dans une eau mordante pour les soustraire à la décomposition. Depuis les temps préhistoriques, de jeunes audacieux apprirent à imiter ces étoffes naturelles en entrecroisant des fibres choisies et préparées, puis vinrent successivement toutes les simplifications de l’industrie, par le métier où se tendent, où se croisent et décroisent les fils, laissant passer, dans l’entredeux, la trame que porte la navette ; toutes les splendeurs des tissus, du lin au coton et à la soie, naquirent ensuite.

De même la poterie commença, pour ainsi dire, sans l’intervention de l’homme, certaines plaques d’argile recourbée, qui se forment par l’effet de la dessiccation solaire, et les couches de boue déposées par