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negritos et pygmées

comme de « grands amis », et les deux races s’entremêlent volontiers.
squelette humain
Même échelle que le squelette de gorille de la page 6
Les femmes pygmées de l’Uganda sont heureuses de s’attacher à des nègres de grande taille (Johnston).

Il est aussi très probable que les pygmées dont on retrouve les ossements mélangés à ceux des hommes de grandes races en quelques cavernes d’Europe et en tant de huacas péruviennes ont disparu par l’effet des croisements et furent absorbés graduellement dans la masse générale des populations ambiantes[1] : ils sont revenus à l’espèce.

Certains anatomistes qui étudient le squelette au point de vue du transformisme, c’est-à-dire comme un appareil façonné lentement, de génération en génération, par un travail d’accommodement au milieu et de perfectionnement, constatent par l’étude comparée des différents types que les races humaines actuelles ne paraissent pas être dérivées les unes des autres par une sorte de gradation hiérarchique, mais doivent être considérées plutôt comme des rameaux parallèles, remontant vraisemblablement à un ancêtre commun, d’origine antérieure même aux quadrumanes ; il faudrait voir peut-être dans ce type primitif un descendant des marsupiaux, issus eux-mêmes des monères par des ancêtres amphibies[2].

Mais sachons nous borner. N’essayons pas de remonter par la pensée jusqu’aux époques si éloignées de nous où l’homme, issu de l’animalité primitive, constitua l’espèce ou les races humaines. Arrêtons-nous à la période où nos ancêtres, accomplissant leur plus grande conquête, avaient appris à moduler leurs cris, inarticulés jadis, et à transformer leurs grogne-

  1. J. Kollmann, Globus, no 21, 5 juin 1902 ; Frobenius, Geographische Kulturkunde, p. 22.
  2. Ernst Hæckel, Anthropogenie, 5e édition allemande, 2e vol., p. 584.