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l’homme et la terre. — origines

existent pour l’homme, chez lequel l’écart moyen de l’Homo europæus à l’Homo alpinus est plus grand que celui qui différencie les diverses espèces de canidés[1]. Malgré les innombrables exemples de « miscégénation »,
squelette de gorille
Même échelle et même position que le squelette humain de la page 7.
qui, aux États-Unis, scandalisent grandement les fils des anciens propriétaires d’esclaves, faut-il considérer les nègres comme une espèce ou une sous-espèce[2] distincte de la race dite « caucasienne », ou bien faut-il voir en eux une simple variété de la grande espèce humaine ?

Et si nègres et blancs doivent être embrassés en une même humanité d’origine, que dire des « négritos » de Luzon, des Andamènes et des nains épars dans le continent d’Afrique ? Les nègres eux-mêmes voient dans les Akka, les Ba-Binga, les Ba-Bongo des êtres d’une autre espèce, et les blancs altiers les regardent un peu comme des espèces de singes à forme humaine. Diverses tribus s’étiolent et disparaissent, peut-être par l’absence de tout croisement : tel serait le cas pour les nains des bords de la Sangha. Mais il est certain qu’entre d’autres peuplades de pygmées et des tribus d’Africains bien proportionnés, des mélanges de sang ont lieu. Donaldson Smith nous dit que les nains occupant naguère toute la région qui s’étend au nord des lacs Stéphanie et Rudolf ont perdu leur type originaire par l’effet de mariages avec des tribus de haute stature et que les Dume actuels sont un simple reliquat de l’ancienne race[3]. De même, les Oua-Tua (Wat-wa) de la région du lac Kivu, les « Fils de l’Herbe », petits hommes que certains nègres, les Oua-Hutu, par exemple, regardent avec aversion, sont acceptés par d’autres, par les Oua-Tussi notamment,

  1. Vacher de Lapouge, Les Sélections sociales, p. 12.
  2. Tarde, Revue scientifique, 15 juin 1895.
  3. Through unknown African countries, pp. "274-275.