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l’homme et la terre. — peuples attardés

humides de la côte s’est maintenu pour l’intérieur, et peut-être est-ce de cette manière que l’on doit expliquer l’érection de demeures à deux étages, le rez-de-chaussée ménagé entre les pilotis du sol ayant été garni de feuilles ou de nattes pour servir d’étable ou de salle à provisions[1]. On s’explique l’origine du chalet suisse par un phénomène analogue de survivance d’anciennes formes et
murs cyclopéens en basalte à metalanim,
île ponapé, carolines

D’après une photographie du Geographical Journal.
d’accommodation au nouveau milieu.

Les besoins de la défense ont été au nombre des causes importantes dans la façon de construire les habitations humaines. La recherche de la sécurité fit choisir surtout les quartiers de roche comme élément des remparts protecteurs : on voulut imiter les abris naturels fournis par les défilés et les cavernes.

En de nombreux pays du monde, aussi bien en Asie et en Europe qu’en Amérique, et même en certaines îles de l’Océanie, on a retrouvé de ces murs dits « cyclopéens », parce qu’on les attribue instinctivement à des cyclopes, à des géants qui précédèrent notre faible humanité. Ces fragments de rochers furent d’abord employés tels que les fournissait la nature, et le constructeur se bornait à les rejointoyer avec art : l’habitude d’en agir ainsi prit même, comme toute pratique ancienne, un caractère religieux : chez l’homme primitif, il eût été considéré comme impie de souiller

  1. Moseley, Notes by a Naturalist on the Challenger, p. 396.