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la mer

degré de latitude sous lequel il passe son existence, de la marche annuelle du soleil qui l’éclairé, des oscillations de la température, de la direction et du rythme des vents, de l’action, moins connue mais non moins réelle, des courants magnétiques, avec tous leurs phénomènes de déclinaison, d’inclinaison et d’intensité ;
Dessin de George Roux, d’après une photographie.
phare de l’île de unst
le point le plus septentrional des iles shetland
il importe également de constater, autour du groupe social qu’on étudie, la structure des roches, la consistance, la couleur du sol, l’aspect et la variété des plantes et des animaux, l’ensemble des paysages environnants, en un mot tout ce qui, dans la nature extérieure, peut agir sur les sens. Chacun de nous est, en réalité, un résumé de tout ce qu’il a vu, entendu, vécu, de tout ce qu’il a pu s’assimiler par les sensations.

Encore, ce milieu primitif, constitué par l’ambiance des choses, n’est-il qu’une faible partie de l’ensemble des influences auxquelles l’homme est soumis. Les nécessités de l’existence déterminent un mode d’alimentation qui varie suivant les contrées ; de même, la nudité ou le vêtement, le campement en plein air ou les diverses habitations, grottes et toits de feuilles, cabanes et maisons, agissent et réagissent sur le mode de sentir et de penser, créant ainsi, pour une grande part, ce que l’on appelle « civilisation », état incessamment changeant d’acquisitions nouvelles, mêlées à des survivances plus ou moins tenaces. En outre, le genre de vie, combiné avec le milieu, se complique de