toute ombre de ce qui aurait pu être la pensée n’est chez lui qu’un accompagnement à l’œuvre du monstre poussé par la vapeur.
C’est ainsi qu’il s’élève à l’état d’homme, quand la fatigue, la misère, l’anémie ne mettent pas un terme rapide à sa vie manquée. Chétif de corps, abêti d’intelligence, sans idées morales, que peut-il devenir et quelles seront ses joies ? De grossières et brutales sensations qui ne l’éveillent un instant que pour le laisser retomber, plus engourdi, plus incapable d’échapper à son esclavage. Et de temps en temps, les législateurs s’occupent de régler « le travail des enfants dans les manufactures ! » D’après ces lois, que l’on a l’audace de vanter comme des merveilles d’humanité, nul patron n’a le droit de faire travailler l’enfant plus de douze heures et de le priver du sommeil de la nuit, « si ce n’est pourtant dans les cas exceptionnels, » et l’exception, on le sait, devient toujours la règle. Autant dire qu’il est permis d’empoisonner, mais seulement à petites doses, d’assassiner, mais seulement à petits coups. Voilà votre compassion, nobles législateurs !
Mais admettons que désormais le travail des enfants dans les manufactures soit interdit, supposons même que les parents reçoivent une pension de l’État, en