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l’évolution, la révolution

gnation et d’humilité qui permettait au pauvre d’accepter dévotement la misère, l’injustice, l’inégalité sociale. Les ouvriers mêmes qui se constituent en sociétés dites « chrétiennes » et qui par conséquent devraient toujours louer le Seigneur pour son infinie bonté, attendant pieusement que le corbeau d’Élie leur apporte du pain et de la viande soir et matin, ces ouvriers vont jusqu’à se faire socialistes, à rédiger des statuts, à réclamer des augmentations de salaires, à prendre des non-chrétiens pour alliés dans leurs revendications. La confiance en Dieu et en ses saints ne leur suffit plus : il leur faut aussi des garanties matérielles, et ils les cherchent, non dans la dépendance absolue, dans l’obéissance parfaite, si souvent recom-